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CNRS Chimie lance une cellule développement durable
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Jussies d'eau, "Ludwigia peploides", sèches, utilisées par Cladue Grison et son
équipe dans des biofiltres dépolluants© Cyril FRESILLON / ChimEco / CNRS Images
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CNRS CHIMIE LANCE UNE CELLULE DÉVELOPPEMENT DURABLE

19 septembre 2024
Institutionnel
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Le 6 mai 2024, CNRS Chimie lançait sa cellule développement durable, une
nouvelle structure qui réfléchit aux possibilités ouvertes par les travaux de
ses laboratoires en matière de protection de l’environnement et de la
biodiversité.

En juin 2022, la chimiste Claude Grison, directrice de recherche au CNRS, reçoit
le prestigieux Prix de l’inventeur européen de l’année(le lien est externe),
tant pour ses activités de recherche au laboratoire Chimie bio-inspirée et
d’innovations écologiques1 , que pour celles menées au sein de sa start-up Bio
Inspir'(le lien est externe). De la recherche fondamentale à l’innovation, un
seul et même combat l’anime : dépolluer les sols et l’eau à l’aide des
plantes(le lien est externe).

Cette récompense témoigne de l’effervescence des recherches en chimie durable,
lorsque celle-ci permet d’analyser les phénomènes qui dérèglent l’environnement
ou de trouver des alternatives en matière d’énergie, de matériaux ou de santé.
Les travaux des chimistes au chevet de la planète sont légion et ont motivé la
création d’une cellule développement durable à CNRS Chimie, l’un des dix
instituts du CNRS.

Dix personnes, issues aussi bien de l’institut que de laboratoires2 , composent
cette nouvelle cellule. Sandrine Sagan, directrice adjointe scientifique (DAS)
de CNRS Chimie, précise les missions de cette jeune instance : « La cellule
développement durable de CNRS Chimie se fera l’écho des initiatives et résultats
de la recherche qui rentrent dans le cadre du développement durable. Il ne
s’agit pas que la cellule traite du mode de fonctionnement des laboratoires, un
problème déjà pris en charge par la cellule développement durable nationale,
mais essentiellement de la science associée à cette problématique ». La
structure aura donc pour objectif d’effectuer une veille, de valoriser, d’animer
et de fédérer les laboratoires de chimie engagés sur les thématiques contribuant
à la soutenabilité environnementale. Soutiens ciblés, événements scientifiques
et communications dédiées aideront à cette mise en œuvre.

Le 6 mai dernier, une journée institutionnelle au siège parisien du CNRS
illustrait les pratiques nouvelles des laboratoires de chimie intégrant des
enjeux environnementaux. À cette occasion, Alain Schuhl,  directeur général
délégué à la science de l’organisme, rappelait certes « la responsabilité de
continuer à faire de la recherche d’excellence, mais aussi la responsabilité
d’être exemplaire, notamment en effectuant un bilan environnemental de nos
activités ou en rationnalisant nos achats », responsables à eux seuls de 74 %
des émissions de gaz à effet de serre du CNRS en 2019. De ce point de vue, la
cellule développement durable de l’institut complète parfaitement la stratégie
de transition bas carbone de l’établissement. La chimie ambitionne d’être un
acteur proactif(le lien est externe) dans la lutte contre les changements
globaux et les pollutions(le lien est externe) de toutes sortes, comme Jacques
Maddaluno, directeur de CNRS Chimie, le revendique : « Les chimistes sont parmi
les scientifiques les plus à même d’agir, nous devons porter ce changement à
travers des propositions concrètes directement inspirées de nos projets de
recherche ».

 

La journée institutionnelle au siège du CNRS le 6 mai 2024. ® CNRS Chimie

 

De la santé aux matériaux : les chimistes à la base de solutions
environnementales

De fait, lors de cette journée du 6 mai, les interventions successives ont
toutes présenté des travaux issus de plusieurs années de recherches ou encore en
cours, illustrant la manière dont la chimie peut se pencher sur les
problématiques environnementales. C’est le cas de Christophe Gantzer,
enseignant-chercheur à l’université de Lorraine au sein du Laboratoire de chimie
physique et microbiologie pour les matériaux et l'environnement3 , qui
témoignait de l’exponentielle montée en puissance du réseau Obépine. Lancé en
mars 2020, en pleine pandémie de Covid-19, cet observatoire épidémiologique a
suivi de près la propagation du virus à travers l’analyse des eaux usées(le lien
est externe), utilisées comme un indicateur quantitatif. Une méthode qui a
permis d’estimer finement, avec six ou sept jours d’avance sur les autres
indicateurs, les évolutions du virus. Aux yeux du chercheur lorrain, Obépine(le
lien est externe) et ses 200 stations d’observation, transférés en mars 2022 aux
agences nationales, représentent non seulement une remarquable « mobilisation
multidisciplinaire des laboratoires de recherche en moins de trois mois pour
proposer une méthode de surveillance des principales villes françaises et
désormais de 40 % de la population », mais offre également un précieux « retour
d’expérience pour une préparation à une éventuelle future pandémie ».

Pour sa part, Lenka Svencova, enseignante-chercheuse à Grenoble INP au sein du
Laboratoire d'électrochimie et de physicochimie des matériaux et des interfaces4
, dirigeait son regard vers l’avenir en présentant deux nouvelles approches pour
recycler les métaux : la solvométallurgie et la ionométallurgie. Ces deux
méthodes, utilisant des solvants non aqueux pour extraire et séparer des métaux,
pourraient jouer un rôle crucial dans les prochaines années, à l’heure où
l’Union européenne, pour des raisons environnementales et de souveraineté
stratégique, ambitionne d’ici 2030 de recycler jusqu’à un quart des matériaux
dits « critiques », matières à forte valeur économique menacées de rupture
d’approvisionnement(le lien est externe), comme la bauxite, le cobalt ou encore
le lithium.  

Ces potentielles innovations pourront s’accompagner de pratiques de recyclage
accrues. Co-directeur pour le CNRS du PEPR5 Recyclage, Recyclabilité &
Ré-Utilisation des Matières, Jean-François Gérard insistait, dans son
intervention, sur l’importance de promouvoir une véritable économie circulaire
en plus d’améliorer l’efficacité technique du recyclage des différents
matériaux. Ce PEPR fait d’ailleurs intervenir une collaboration
interdisciplinaire entre chimie et sciences humaines et sociales. Sophie Szopa,
directrice de recherche au CEA au sein du Laboratoire des sciences du climat et
de l’environnement6 , abondait dans ce sens. Brossant le panorama mondial des
pollutions de l’air, des eaux et des sols, elle invitait les chercheurs à
questionner aussi l’impact environnemental de leurs pratiques.

 

Une mine de lithium. La solvométallurgie et la ionométallurgie pourraient
permettre le recyclage partiel de cette matière critique pour l'Union
européenne. © Reinhard Jahn  / Creative Commons

 

Mettre en valeur les applications les plus durables de la chimie

C’est également à cette mise en valeur des applications qui pourront avoir un
impact sur la durabilité qu’invitait François Jérôme, directeur de recherche
CNRS à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers7 . Aux yeux du
lauréat de la médaille de l’innovation en 2021(le lien est externe), il importe
de préciser que « la chimie est à la fois une science et une industrie, ce qui
n’est pas clair aux yeux du grand public. À nous, chercheurs, de communiquer et
de dire que les sciences chimiques, ce sont par exemple des pigments qui
traversent le temps sur un tableau, une nouvelle molécule pour soigner, la
valorisation de la biomasse dans les pays en voie de développement et la
valorisation du CO2 ».

Ce faisant, le scientifique rappelle l’une des missions de la nouvelle cellule
de CNRS Chimie, que résume d’un trait Sophie Duquesne, professeure à l’École
Centrale de Lille au sein de l’Unité matériaux et transformations8 : détecter et
promouvoir des résultats obtenus dans les laboratoires de chimie pourraient être
utilement repris par d’autres communautés dans une perspective de développement
durable.

 

Jussies d'eau, "Ludwigia peploides", sèches, utilisées par Cladue Grison et son
équipe dans des biofiltres dépolluants. © Cyril FRESILLON / ChimEco / CNRS
Images

 

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NOTES

 1. CNRS / Université de Montpellier.
 2. Une enseignante-chercheuse (Sophie Duquesne), une ingénieure de recherche
    (Louise-Anne Cariou), le service communication de l’institut (Clément Dupuis
    et Stéphanie Younès), deux membres (Christophe Cartier dit Moulin et
    Anne-Valérie Foillard-Ruzette) de son pôle expertise, sa responsable
    administrative (Stéphanie Lecocq) et l’une de ses DAS (Sandrine Sagan).
 3. CNRS / Université de Lorraine.
 4. CNRS / Université Grenoble Alpes / Université Savoie Mont Blanc.
 5. Les programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) visent à
    construire ou consolider un leadership français dans des domaines
    scientifiques liés à une transformation technologique, économique,
    sociétale, sanitaire ou environnementale et considérés comme prioritaires au
    niveau national ou européen
 6. CEA / CNRS / Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines / Université
    Paris-Saclay.
 7. CNRS / Université de Poitiers.
 8. CNRS / École Centrale de Lille / Inrae / Université de Lille.



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