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LES RENSEIGNEMENTS FACE AU 7 OCTOBRE : L’ARRIVÉE DE BINDER EN 7 POINTS-CLÉS



By: Marc Brzustowski

Vues:

127

Date:

23 août 2024


LA SÉCURITÉ NATIONALE À UN TOURNANT

Au lendemain du 7 octobre et durant la guerre en cours, plusieurs enseignements
clés se dégagent des changements intervenus à la tête des services de
renseignement de Tsahal.







Le commandant du renseignement militaire de Tsahal, Aharon Haliva, salue son
remplaçant, le Major-Général Shlomi Binder, lors de la cérémonie organisée au
quartier général du commandement central de Tsahal à Jérusalem, le 8 juillet
2024. (Crédit photo : Yariv Katz)



La démission du chef du renseignement de Tsahal , le général de division Aharon
Haliva , et son remplacement par le général de division Shlomi Binder,
nouvellement promu, mercredi 21 août au soir, représente un premier tournant
important pour la sécurité nationale israélienne.


NETANYAHOU RÉSILIENT AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

On doit retenir une variété de points qu’il est essentiel de noter, et qu’il
faut relier correctement aux événements majeurs de l’année dernière :



1. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a jusqu’à présent remporté haut la
main la bataille visant à reporter les enquêtes sur les attentats du 7 octobre.
Cela pourrait changer à un moment donné, mais nous approchons maintenant de 11
mois depuis l’invasion désastreuse qui s’est produite sous sa direction, et
malgré le fait qu’une majorité de l’opinion publique souhaite une enquête d’État
sur toutes les personnes impliquées, y compris Netanyahu, sa résistance
intransigeante jusqu’à présent l’a maintenu au pouvoir, sans menace immédiate
d’élections.



Cela pourrait changer, surtout si les partis Haredi décident de le renverser en
raison de la perte des subventions gouvernementales liées à la question sans
rapport avec le projet de conscription de Tsahal, mais il n’y a pas de
calendrier pour qu’il soit confronté à de sérieuses mises en cause publiques ou
à des conséquences électorales en raison du 7 octobre.


TSAHAL, BOUC ÉMISSAIRE DE LA KONCEPTZIA  : L’ARGENT ACHÈTE LE CALME ?

En février, Halevi a révélé que les enquêtes de l’armée seraient menées de
manière externe, avec des implications stratégiques plus larges, et qu’elles
auraient pu impliquer l’échelon politique. Sous les critiques acerbes des
lieutenants de Netanyahou, mais sans véritable carte à jouer pour le forcer à
reculer, Halevi a fait marche arrière et a limité les enquêtes à la conduite de
l’armée israélienne. Halevi a brièvement évoqué la nécessité d’une enquête
d’État pendant cinq secondes au cours de son long discours de mercredi, mais ce
n’est tout simplement pas une réalité pour le moment.





Le général de division Aharon Haliva informé par des soldats de la Direction du
renseignement, le 6 août 2024. (crédit : UNITÉ DU PORTE-PAROLE DE Tsahal)



2. Haliva et les services de renseignements de Tsahal sont les principaux
responsables de cette situation. Haliva a annoncé sa démission il y a environ
quatre mois, et le chef des services de renseignements de Tsahal et le chef des
services de renseignements de la zone sud de Tsahal ont également démissionné il
y a plusieurs mois. Halevi a félicité Haliva à plusieurs reprises pour ses 38
années de service dans l’armée, et il a également mentionné à plusieurs reprises
l’échec de Haliva. Dans un moment sans précédent, lorsque Haliva a mentionné sa
famille, il s’est mis à pleurer et a dû interrompre son discours pendant
plusieurs instants. Personne dans l’assistance ne se souvient d’un haut
responsable de la défense pleurant publiquement lors d’une telle cérémonie. Si
certains responsables veulent éviter toute responsabilité, Haliva le ressent
vraiment.


D’AUTRES HAUTS RESPONSABLES DE TSAHAL RESTERONT-ILS EN POSTE OU
DÉMISSIONNERONT-ILS ?

3. Halevi, le chef du Shin Bet Ronen Bar, le chef du commandement sud de Tsahal
Yaron Finkleman et d’autres sont restés en poste. Ils ont laissé entendre qu’ils
démissionneraient, mais les conditions de leur démission ont évolué et ont
largement dépassé les attentes initiales d’une démission dans les trois à six
mois. À un moment donné, on pensait que la guerre principale à Gaza serait
terminée beaucoup plus tôt (on estime qu’il faudra encore un an pour démanteler
les réseaux restants), que toutes les enquêtes de Tsahal seraient terminées
d’ici juin et que Netanyahou accepterait des élections anticipées, auquel cas
Halevi et Bar auraient peut-être démissionné dès juin. Aujourd’hui, on ne sait
pas s’ils lieront leur démission à la convocation d’élections anticipées par
Netanyahou (ce qui signifie peut-être qu’il n’y aura pas de démission anticipée)
ou si l’un ou plusieurs d’entre eux pourraient démissionner vers lea date
commémorative du 7 octobre 2024.

4. Le général de brigade Yossi Sariel, chef de l’unité 8200, et d’autres membres
de son unité ont également obtenu un laissez-passer (pour rester en poste)
jusqu’à présent. Bien que Sariel ait également laissé entendre qu’il
démissionnerait à un moment donné, le changement ne s’est pas produit, alors
qu’il mène l’enquête sur lui-même (par opposition à un examen externe) et la
conclusion de son unité continue d’être repoussée – d’août, précédemment, à
peut-être octobre ou plus tard.


BINDER BLANCHI, MALGRÉ SES RESPONSABILITÉS EN COURS LE 7 OCTOBRE

5. Binder prend le commandement du renseignement de Tsahal dans un contexte de
doute. Halevi a certifié que le rôle de Binder au sein du commandement des
opérations n’était pas lié à l’échec du 7 octobre, et la Haute Cour de justice a
rejeté une requête visant à bloquer la nomination, ouvrant ainsi la voie à
Binder pour l’un des postes les plus importants de l’ensemble de l’appareil de
défense, et pas seulement au sein de Tsahal.

Cependant, comme les enquêtes du commandement des opérations de Tsahal et
d’autres n’ont pas encore été rendues publiques et pourraient encore prendre des
semaines ou des mois, il prend ses fonctions sous un nuage de critiques sur ce
qu’aurait pu être son rôle le 7 octobre. En outre, nombreux sont ceux, même au
sein de l’appareil de la défense, qui ne sont pas prêts à croire Halevi sur
parole lorsque celui-ci affirme que les actions de Binder le 7 octobre étaient
suffisantes, car beaucoup pensent que Halevi lui-même aurait dû démissionner il
y a des mois.



Binder a gardé le silence sur son rôle au sein du commandement des opérations et
n’a pas expliqué pourquoi il n’était pas en partie responsable du fait que, même
après la surprise initiale de l’invasion du Hamas (qui peut être imputée aux
services de renseignements), il a fallu plusieurs heures, voire plus d’une
demi-journée, à la plupart des unités pour atteindre le sud, malgré la petite
taille géographique d’Israël. Beaucoup se demandent comment Binder peut être le
grand réformateur et le reconstructeur des services de renseignements de Tsahal
pour restaurer la confiance du public alors qu’il est peut-être encore corrompu
comme partie prenante des échecs précédents.


BINDER LANCERA-T-IL UN GRAND COUP DE BALAI AU SEIN DES SERVICES DE
RENSEIGNEMENTS DE TSAHAL ?





Maj. Gen. Shlomi Binder
(Photo: Yariv Katz)

6. On ne sait pas exactement dans quelle mesure et à quelle vitesse Binder
réformera les services de renseignements de Tsahal. Dans un discours
relativement impassible et tout à fait cérébral, Binder s’est engagé à réformer
et à corriger les défaillances des services de renseignements de Tsahal à partir
du 7 octobre. Dans un avenir proche, les observateurs attendent de voir s’il
parviendra rapidement à chasser Sariel et d’autres qui ont réussi à rester en
place plus longtemps que prévu.


FAVORITISME

A long terme, la question est de savoir s’il parviendra à mettre un terme au
problème de la pensée de groupe au sein de l’armée israélienne. L’armée est une
organisation hiérarchique. Peu importe le nombre de fois où les hauts gradés
disent qu’ils veulent que les officiers soient en désaccord avec eux, tout le
monde voit que ce sont les commandants qui s’entendent le mieux avec les hauts
gradés qui obtiennent des promotions.

Binder devra promouvoir à des postes élevés des gens qui ne sont pas d’accord
avec lui et qu’il n’apprécie peut-être pas personnellement, mais dont il sait
qu’ils sont précieux sur le plan professionnel parce qu’ils apportent des points
de vue contraires. Mais les attentes à cet égard ne sont pas très élevées.
Personne n’a entendu parler de « V », l’unique officier subalterne du
renseignement qui avait correctement prédit l’invasion du Hamas, qui a obtenu
une promotion importante pour avoir eu raison lorsque ses commandants l’ont
ignorée. Et ce n’est tout simplement pas dans la nature humaine et c’est le
contraire de la façon dont l’armée fonctionne souvent. Mais si cela ne change
pas, Israël pourrait connaître de plus grands échecs face à l’Iran et au
Hezbollah.


DIAGNOSTIQUER CORRECTEMENT TOUT ÉLÉMENT DE SURPRISE DE L’IRAN ET DU HEZBOLLAH

7. Les services de renseignements de Tsahal auront-ils raison sur la crise entre
l’Iran et le Hezbollah ? Binder devait prendre la tête des services de
renseignements de Tsahal à deux reprises, à des dates antérieures, et à chaque
fois, la hiérarchie a retardé ce changement, en partie à cause des menaces
accrues de l’Iran et du Hezbollah. Lorsqu’il est finalement devenu clair que la
crise avec Téhéran et Beyrouth pourrait durer plus de deux semaines, Halevi a
décidé de ne plus reporter sa décision.

Mais cela signifie que, dans les premiers jours de son mandat, Binder ne doit
pas commettre la moindre erreur de jugement qui pourrait conduire à une guerre
avec l’Iran ou le Hezbollah, ce que le gouvernement n’a pas prévu. De plus, il
doit s’assurer que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, et le
chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ne parviennent pas à surprendre Jérusalem
d’une manière qui pourrait faire passer le 7 octobre pour un événement de second
ordre.



L’une des raisons pour lesquelles Haliva a été le premier à quitter le conseil
de sécurité israélien est qu’il a mal évalué l’Iran en avril, ce qui a conduit à
une attaque aérienne massive contre l’État juif. Binder devra éviter de
commettre une telle erreur alors qu’il contribue à façonner la nouvelle doctrine
de sécurité d’Israël pour Gaza durant la prochaine décennie ou plus, tout en
s’occupant de la Judée-Samarie, du nord et d’autres fronts (Yémen, Syrie…).

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