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PHOBIES: D'OÙ VIENNENT-ELLES ET PEUT-ON S'EN LIBÉRER?

 * Psycho

Publié le 21/07/2023 à 05h50 par  Sophie Viguier-Vinson - Lecture en 4 min

© Adobe-Stock

Cet article est paru dans le magazine Notre Temps Santé & Bien-Être - Découvrez
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Peur de la foule, du vide, des insectes... Plus d’un Français sur dix souffre de
peurs excessives et irraisonnées face à un animal, une situation, un élément…
pourtant sans danger objectif. Le Pr Antoine Pelissolo, psychiatre, nous aide à
mieux appréhender cette pathologie.


SOMMAIRE
 1. Elles touchent plus les femmes
 2. On en développe sur n'importe quoi
 3. Elles sont transmises par les parents
 4. Après un certain âge, difficile d'en libérer
 5. Elles s'enracinent dans l'inconscient et cachent un "vrai" problème
 6. On doit se confronter à ses peurs pour s’en affranchir
 7. Certaines thérapies sont efficaces
 8. Une approche pas à pas


ELLES TOUCHENT PLUS LES FEMMES

Vrai.

Les femmes sont effectivement 2 à 2,5 fois plus nombreuses à souffrir de phobies
que les hommes. Cela peut s'expliquer en partie par l'éducation:
traditionnellement, les petits garçons sont poussés à se confronter à leurs
peurs, tandis que l'on admet plus facilement la stratégie d'éviction chez les
fillettes. Or, une peur peut évoluer en phobie. Par ailleurs, les femmes
s'autorisent peut-être davantage à en parler, ce qui permet de mieux les
répertorier chez elles.





ON EN DÉVELOPPE SUR N'IMPORTE QUOI

Vrai mais...

Dans l'absolu, on peut être phobique de tout un tas de choses. Mais on retrouve
des constantes associées à des situations anxiogènes touchant le plus grand
nombre, comme si elles étaient ancrées dans notre patrimoine anthropologique et
potentiellement, ou anciennement, liées à un danger. Les phobies de l'eau, des
insectes, du sang, du vide, de la foule… sont bien connues. Celles des microbes,
d'être malade, de mourir sont, elles, plus fréquentes depuis la pandémie. Quand
il ne s'agit pas simplement de la peur… d'avoir peur, à la racine de toutes les
phobies. Ne dit-on pas que l'on a cru "mourir de peur"?

Lire aussi> Peur en avion: trois outils pour (tenter de) surmonter sa phobie

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ELLES SONT TRANSMISES PAR LES PARENTS

Pas seulement.

Les phobies ne sont pas héréditaires au sens génétique du terme, même s'il
existe une prédisposition physiologique à l'anxiété qui augmente le risque d'en
développer. Nous n'héritons pas forcément non plus d'un blocage de l'un de nos
parents, mais l'éducation peut avoir une incidence, notamment en cautionnant une
peur ou en ne nous préparant pas à les confronter. De même, le parcours de vie
et les traumatismes jouent un rôle déclencheur important.

Lire aussi> Vendredi 13, même pas peur!




APRÈS UN CERTAIN ÂGE, DIFFICILE D'EN LIBÉRER

Faux.

C'est surtout une question de motivation, et si l'on décide "pour de bon" de ne
plus souffrir de cette phobie, la thérapie est le plus souvent efficace. Elle
peut prendre davantage de temps quand le problème est ancien, mais il n'est
jamais trop tard pour se lancer.

Lire aussi> Aller chez le psy après 60 ans


ELLES S'ENRACINENT DANS L'INCONSCIENT ET CACHENT UN "VRAI" PROBLÈME

Faux.

Tout une partie de la psychanalyse déploie l'idée de névroses phobiques, soit
des peurs irrationnelles entraînant des comportements d'évitement, dont la cause
est refoulée. Ces peurs relèveraient même d'un déplacement de l'attention et de
la conscience pour protéger l'esprit de l'origine réelle d'une souffrance plus
dérangeante. Cela pousse à croire que soigner le seul symptôme (la peur), et non
le vrai problème caché, expose au risque de développer une autre phobie. Mais
les peurs n'ont pas forcément un sens caché, c'est même rare. Certaines, il est
vrai, ont une part non consciente, quand elles sont liées à un traumatisme qui a
pu provoquer une perte de mémoire, et il est nécessaire de revenir sur
l'événement déclencheur. Mais ce n'est pas la majorité des cas. Et la
psychanalyse s'avère peu efficace pour se défaire des phobies.

Lire aussi> Phobies: comment les surmonter?


ON DOIT SE CONFRONTER À SES PEURS POUR S’EN AFFRANCHIR

Vrai mais...

L'évitement n'est, en effet, pas la bonne stratégie et une phobie ne passe
généralement pas d'elle-même. Pour s'en libérer, il est nécessaire de se
confronter à l'objet de la peur, mais petit à petit, régulièrement et sur le
long terme. Pas en employant la manière forte, immédiate et brutale, surtout si
elle est imposée par un tiers, au risque de provoquer une réaction de panique
et, in fine, d'aggraver le problème. La démarche doit venir de la personne
elle-même, et il est préférable qu'elle soit accompagnée si la phobie est
ancienne et que les symptômes associés sont persistants.

Lire aussi> Comment soigner un trouble obsessionnel compulsif (TOC)?


CERTAINES THÉRAPIES SONT EFFICACES

Vrai.

De nombreuses études scientifiques ont prouvé l'efficacité des thérapies
comportementales et cognitives (TCC) pour traiter des phobies en une dizaine de
séances. Elles nécessitent la pleine coopération du patient pour l'aider à
briser un cercle vicieux (anticipation du danger, appréhension; apparition de
l'angoisse; fuite, évitement…). Il s'agit de s'appuyer autant sur une écoute
bienveillante et globale que sur un protocole bien défini.

Comme toutes les thérapies, les TCC n'assurent pas 100% de succès et la démarche
peut être complétée par d'autres approches: EMDR (méthode qui repose sur des
mouvements oculaires), antidépresseurs éventuels en cas de phobie sociale,
logiciels pour dépasser la peur de l'avion…

Lire aussi> L'EMDR, une thérapie efficace pour traiter les traumatismes avec des
mouvements oculaires


UNE APPROCHE PAS À PAS

Les étapes clés d'une thérapie comportementale et cognitive (TCC).

 * Analyser la peur: quel en est l'objet, dans quel contexte, quelle réaction…
 * Reproduire une routine: tous les jours, répéter un petit "programme"
   d'exposition progressive à l'objet de la phobie.
 * Noter les pensées parasites: lesquelles, comment elles interfèrent en cas
   d'exposition.
 * Maîtriser des exercices de relaxation: respiration abdominale, visualisation
   apaisante… d'abord en pensant à l'objet de la phobie, puis en situation.
 * Réévaluer: mesurer les progrès accomplis pour adapter la stratégie.
   

--------------------------------------------------------------------------------

Le Pr Antoine Pelissolo est professeur de psychiatrie au GHU AP-HP Henri-Mondor
et à l'Université Paris-Est Créteil. Il est également chef du service de
psychiatrie de l'hôpital Albert-Chenevier à Créteil  et l'auteur de Idées reçues
sur les phobies (éd. Le Cavalier Bleu).


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Commentaires

 * 21/07/2023 09:49 Répondre
   
   nisette
   
   Certaines phobies sont gênantes pour ceux qui en souffrent, mais le plus
   embêtant est qu'elles le sont également pour leur entourage. Ma fille a la
   phobie de la couleur rouge, pas question qu'il y ait un objet de couleur
   rouge: elle retourne même les boîtes de médicaments pour ne pas apercevoir le
   trait rouge et la mention "délivré que sur ordonnance" écrite en rouge et
   cela est agaçant et cette phobie m'agace. Je ne peux pas porter des vêtements
   ou des chaussures de couleur rouge! Heureusement j'aime beaucoup d'autres
   couleurs!
   À propos des phobies, il me revient en mémoire une chanson de Georges
   Brassens:♫ Autrefois quand j'étais marmot- J'avais la phobie des gros mots-
   Et si j'pensais "merde" tout bas- Je ne le disais pas- Aujourd'hui que mon
   gagne-pain- C'est d'parler comme un turlupin- Je n'pense plus "merde" tout
   bas, pardi- Mais je le dis".

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